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Le noyau de la littérature arthurienne en français est formé des romans en vers de Chrétien de Troyes, qui apparaissent dans le dernier tiers du XIIe siècle. La plupart du temps, l’intrigue prend place à une époque où le pouvoir du roi Arthur, qui règne sur le royaume de Logres, est à son apogée et sa cour constitue le centre du monde civilisé. Cette période correspond à une parenthèse exceptionnelle de douze années de paix dont font état les chroniqueurs qui relatent l’histoire de la Bretagne. Devant la toile de fond de cette pax arturiana se déroulent les aventures qui correspondent à quelques années dans la vie de quelques protagonistes individuels. Le présent projet veut déplacer le projecteur sur la période qui correspond non pas à l’apogée, mais à l’éclosion du pouvoir arthurien, le printemps de Logres. Il entend moins suivre le personnage du roi Arthur que l’évolution d’une toile de fond, le terrain fertile où poussent les romans arthuriens en prose. À ce titre, il s’agit, certes, d’examiner aussi les « enfances » d’Arthur, mais au centre de l’intérêt se trouve la représentation des premières années de son règne et de l’époque-charnière correspondant à l’ère de son père Uterpandragon, qui pose les fondations sur lesquelles se construira l’idéal chevaleresque arthurien. Il s’agit d’étudier la création rétrospective d’un univers narratif avec ses lieux, ses personnages et ses règles. Le corpus pris en considération est constitué de la Suite-Vulgate du Merlin et du Cycle de Guiron le Courtois, où l'on assiste à la construction d’un « passé arthurien » dont il s’agit d’appréhender les contours et les contenus. On comparera les techniques employées dans les romans du Cycle de Guiron, qui se nourrissent du Tristan et du Lancelot-Graal, avec celles des diverses Suites merliniennes, qui, tard venues dans le cycle du Lancelot-Graal, s’alignent, elles aussi, sur les autres composantes du cycle, mais en utilisant en outre les chroniques.
Inès Conti, Universität Zürich Romanisches Seminar, Switzerland
Melita Lajqi , Universität Zürich Romanisches Seminar, Switzerland
Barbara Gwenaël Müller, Universität Zürich Romanisches Seminar, Switzerland
Damien De Carné , UFR ALL (Arts, lettres et langues) Département Lettres et Arts Université de Lorraine, France
Nathalie Koble , Ecole normale supérieure Département d'Histoire, France
Lino Leonardi , Scuola Normale Superiore, Italy
Nicola Morato , Università di Bergamo, Italy